FAQ des professionnel·le·s de la santé
Le canton de Vaud ne recommande pas de réaliser un dépistage du cancer du poumon par LDCT hors d’un programme de santé publique organisé et structuré. De plus, le dépistage du cancer du poumon n’est, pour le moment, pas pris en charge par l’assurance obligatoire de soin.
Cette recommandation repose sur une balance bénéfice-risque déséquilibrée pour les patients s’ils participent à un dépistage du cancer du poumon hors d’un tel programme. Sans cela, le dépistage peut conduire à des surdiagnostics et à des interventions médicales non indiquées, notamment chez les personnes à faible risque. À l'inverse, les patients à haut risque pourraient ne pas être correctement identifiés et dépistés. Cet article dans JAMA Open montre qu’aux Etats-Unis, où le dépistage est recommandé sans programme organisé, uniquement 20% des personnes dépistées remplissent les critères d’éligibilité. Un autre article dans l'Annals of Internal Medicine, considérant aussi des programmes actifs aux Etats-Unis, montre que les taux de complications et de procédures diagnostiques invasives suite à un dépistage par LDCT en pratique clinique courante sont significativement plus élevés que ceux observés dans les essais cliniques contrôlés. Ce risque est limité par une approche très structurée, menées avec une attitude favorisant une observation attentive. La sensibilité du scanner thoracique faible dose et son spectre de détection dépassant le seul parenchyme pulmonaire rend ce dépistage plus complexe que ne l’est un dépistage avec un test dédié très ciblé, tel que l’est celui du dépistage du cancer du col de l’utérus, qui fonctionne très bien en Suisse sans la mise en place d’un programme organisé.
Il est donc crucial que le dépistage du cancer du poumon soit effectué dans le cadre de programmes organisés et structurés, capables de toucher efficacement les personnes à haut risque et en assurant un suivi stricte favorisant une observation attentive dans la mesure du possible grâce à une interprétation précise des résultats et à une gestion optimale des anomalies détectées, réduisant ainsi les risques de complications et optimisant les bénéfices du dépistage.
En conclusion, il est conseillé de suivre les recommandations cantonales, et de ne pas entreprendre un dépistage du cancer du poumon par LDCT hors du cadre d’un éventuel futur programme organisé. Sans cela, il n’est pas possible de garantir la sécurité et l'efficacité d’un tel programme. Cela permet non seulement de maximiser les bénéfices du dépistage pour les patients à haut risque, mais aussi de minimiser les risques et les coûts associés aux surdiagnostics et aux complications d’une investigation qui pourrait être inutile.
Ce message concerne uniquement le dépistage du cancer du poumon, qui s’adresse pour rappel aux personnes asymptomatiques répondant aux critères d’éligibilité d’un programme structuré. En cas de suspicion clinique évocatrice chez un patient considéré à haut risque, il convient de considérer un scanner thoracique à visée diagnostique.
Le projet pilote de dépistage du cancer du poumon, dont le but est de déterminer les conditions de mise en place d’un programme de dépistage cantonal, a été lancé ou a débuté fin 2023 et a inclus 1000 personnes. Pour y participer, il fallait : résider dans le canton de Vaud, être âgé de 50 à 79 ans, fumer ou avoir arrêté de fumer il y a moins de 15 ans, et être ou avoir été exposé au tabac à plus de 20 UPA.
Dans le cadre de ce projet pilote, le LDCT est effectué chaque année jusqu’en 2027 pour autant que le dépistage reste négatif. En cas de résultat indéterminé, un LDCT à 3 mois est proposé dans le cadre du projet pilote. En cas de résultat positif, des investigations supplémentaires sont suggérées.
Ce projet inclut aussi une consultation d’aide au sevrage du tabac, qui est offerte aux participants intéressés durant l’entier du projet. Rappelons que la consommation de tabac est le plus grand facteur de risque de développer un cancer du poumon en Suisse.
Tous les examens et consultations réalisés dans le cadre du projet pilote se déroulent au CHUV, à Lausanne, et sont gratuits pour les participant∙e∙s.
Inscription
Des invitations postales ont été adressées à certaines personnes résidant dans le canton de Vaud âgées de 50 à 79 ans de décembre 2023 à mars 2024. Les médecins vaudois ont été invités à sensibiliser les personnes qui pourraient en bénéficier. Les personnes intéressées à participer au projet pilote se rendaient sur ce site internet pour s’assurer qu’elles répondaient aux critères d’éligibilité. Les personnes répondant aux critères de participation et désireuses de s’inscrire au projet pilote de dépistage pouvaient fixer un rendez-vous directement sur le site internet ou par téléphone.
Entretien avant scanner
Lors du premier rendez-vous, les participants ont été reçus par l’équipe afin de répondre à des questions concernant leur santé, ce afin de stratifier leur risque d’avoir un cancer pulmonaire. Cette consultation a également permis d’effectuer une évaluation des fonctions pulmonaires par spirométrie. Les participants ont eu la possibilité de poser les questions soulevées par le dépistage du cancer du poumon. Cet entretien permettait d’effectuer une consultation d’aide à l’arrêt du tabac chez des personnes fumeuses et désireuses d’arrêter leur consommation.
Scanner thoracique à faible dose
Cet examen dure 10 minutes et se déroule sans injection d’un quelconque produit ou médicament. Les participants peuvent prendre leur traitement habituel et ils n’ont pas besoin d’être à jeun. Les participants sont conduits en radiologie pour effectuer le scanner après leur entretien lors du rendez-vous initial. Pour les scanners suivants, ils se rendent directement en radiologie
Dans le cadre du projet pilote de dépistage du cancer du poumon, le LDCT est effectué chaque année jusqu’en 2027 lorsque celui-ci est négatif.
Si le résultat est négatif, c'est qu'aucune anomalie n'est détectée. Le dépistage se poursuit avec un scanner 1 an plus tard. Cette situation se présente dans environ 89 cas sur 100.
Si le résultat est dit indéterminé, c’est qu’une anomalie est détectée et la probabilité d’un cancer pulmonaire ne peut être considérée comme faible, sans pour autant remplir de critère de malignité. Cette situation se présente dans environ 9 cas sur 100.
Dans ce cas, les images du scanner sont relues lors d’une réunion médicale multidisciplinaire et placées dans leur contexte clinique. Si après cela le risque attribué à l’anomalie visualisée reste de nature indéterminée, un scanner de thorax est répété 3 mois après pour en suivre l’évolution de manière rapprochée. Dans ce cas, le participant est contacté téléphoniquement par un médecin responsable du projet. Ce scanner rapproché permet soit de reconsidérer le risque de cancer du poumon comme faible, et donc de poursuivre le projet de dépistage du cancer pulmonaire, soit comme positif et donc de sortir du dépistage et d’envisager des investigations supplémentaires à visée diagnostique.
Si le résultat est anormal, c’est qu’une anomalie revêtant un risque élevé d’être un cancer du poumon est décelée. Le projet de dépistage du cancer pulmonaire prend alors fin. Cette situation se présente dans 2 cas sur 100.
Le participant est alors contacté téléphoniquement par un médecin du projet de dépistage pour planifier un rendez-vous rapproché de restitution des résultats après contact avec le médecin traitant ou référent. Si ce dernier souhaite une prise en charge au CHUV, la situation du participant est réévaluée lors du colloque multidisciplinaire des tumeurs thoraciques. Des examens supplémentaires sont alors conseillés et proposés au patient. Ces examens pourront être effectués au CHUV ou dans la structure souhaitée par le participant et son médecin référent. Ces investigations supplémentaires sont à la charge de l’assureur-maladie.
Dans tous les cas, un rapport médical de dépistage détaillé est adressé au médecin référent du participant ou de la participante.
L’exposition aux rayons X augmente le risque de cancer, mais le dépistage par le scanner à faible dose induit une irradiation qui équivaut à 2 mois d’irradiation naturelle. En effet, l’irradiation moyenne naturelle est d’environ 4.4 mSv (millisieverts), alors qu’un scanner à faible dose équivaut à une irradiation de 0.7 mSv. Les experts estiment que le risque de cancer lié au dépistage est faible comparé au nombre de personnes sauvées par le dépistage.
Pour mieux définir un résultat de dépistage positif, il peut être nécessaire d’effectuer des examens supplémentaires d’imagerie ou une biopsie du nodule du poumon.
Ces biopsies peuvent être réalisées en pneumologie par bronchoscopie, en radiologie interventionnelle par ponction transthoracique ou encore par voie chirurgicale. Pour chaque situation, les examens les moins invasifs et avec le meilleur rendement diagnostic sont privilégiés.
En cas d’anomalie très suspecte de cancer du poumon, une prise en charge chirurgicale peut être indiquée d’emblée. Elle permet de confirmer la nature cancéreuse de cette anomalie et de la retirer en même temps. La technique minimalement invasive (VATS-video assisted thorascopic surgery) est privilégiée. Cependant, dans certains cas une thoracotomie est inévitable.
Les examens supplémentaires dépassant le dépistage sont à charge de l’assureur-maladie du patient.
Le dépistage du cancer du poumon chez les personnes les plus à risque permet un diagnostic précoce, ce qui diminue la mortalité d’environ 21%. Un diagnostic précoce permet aussi un traitement généralement moins invasif.
Le bénéfice du dépistage pourrait être plus important chez les femmes que chez les hommes. Des données scientifiques supplémentaires sont nécessaires pour préciser la différence en termes de nombre de décès évités entre femmes et hommes.
Les faux positifs : le dépistage du cancer du poumon n’est pas parfait. Il se peut qu’une personne reçoive un résultat anormal, alors qu’il n’y a pas de cancer. Cela peut entraîner la réalisation d’examens médicaux supplémentaires inutiles avec des risques de complications. Le risque qu’un faux-positif conduise à des investigations invasives est de 1 à 2% après un scanner.
Les résultats indéterminés : si une personne reçoit un résultat indéterminé, elle devra refaire un scanner 3 mois après le dépistage initial et sera exposée à des radiations supplémentaires. Elle sera dans l’incertitude en attendant de refaire ces examens, ce qui peut être source d’angoisse.
Le surdiagnostic : le dépistage du cancer du poumon permet de découvrir des cancers du poumon qui n’auraient jamais causé ni symptômes ni problèmes aux participants s’ils n’avaient pas été découverts. Les patients peuvent donc recevoir des traitements invasifs dont ils n’avaient pas réellement besoin.
Le dépistage du cancer du poumon se fait par tomodensitométrie du thorax à faible dose sans produit de contraste (en anglais : Low Dose Computed Tomography, abrégé LDCT).
Le dépistage du cancer du poumon réduit la mortalité de ce cancer de 21% et un diagnostic précoce de cancer du poumon augmente de 12.5 ans l’espérance de vie.
Le cancer du poumon est l’un des cancers le plus meurtrier au monde pour les hommes et pour les femmes. Chaque année en Suisse, plus de 4’700 personnes sont diagnostiquées d’un cancer du poumon et près de 3’200 en meurent.
Le cancer du poumon est souvent découvert à un stade tardif, lorsque les traitements deviennent limités. Un diagnostic précoce permettrait une prise en charge médico-chirurgicale plus efficace, augmentant significativement la probabilité de survie.
Le cancer du poumon, une maladie silencieuse.
A un stade précoce, le cancer du poumon ne provoque souvent pas de symptômes. Lorsque le cancer du poumon en cause, les plus fréquents sont les suivants :
- une toux nouvelle persistant plus de 3 semaines
- des hémoptysies
- des douleurs thoraciques pariétales respiro-dépendantes
- une perte de poids et d’appétit inexpliqués
- des bronchites et des pneumonies à répétition
Si votre patient présente un ou plusieurs de ces symptômes, un scanner thoracique avec injection de produit de contraste est recommandé.
Arrêter de fumer, le meilleur moyen de se protéger
Le tabagisme est le principal facteur de risque du cancer du poumon : 90% des cancers du poumon sont causés par la fumée de tabac. Le risque d’avoir un cancer du poumon dépend surtout de l’exposition au tabac et de l’âge de la personne.
Pour une personne âgée de 50 ans, qui fume 1 paquet de cigarettes par jour, le risque de développer un cancer du poumon dans les 10 prochaines années est de 4%. Ce risque augmente chaque année si elle n’arrête pas de fumer. Plus l’arrêt du tabac est précoce, plus ce risque diminue. L’arrêt à tout âge réduit de manière importante le risque de cancer.
Arrêter de fumer est un véritable défi pour beaucoup de personnes, mais il existe des méthodes d’aide à l’arrêt dont l’efficacité a été démontrée. N’hésitez pas à orienter vos patients vers un suivi spécialisé.
Pour un rendez-vous en tabacologie à Lausanne, contactez le 021 314 49 44 (joignable du lundi au vendredi de 8h à 12h et de 13h à 17h), ou prenez rendez-vous en ligne directement ici.
Vous pouvez également contacter le « Service conseil stop-tabac » de la Ligue suisse contre le cancer qui propose des consultations téléphoniques et divers services d’aide à l’arrêt du tabac.
L’entretien avant le scanner, les scanners et les consultations stop tabac sont entièrement pris en charge par le projet pilote. Le dépistage peut en revanche identifier des anomalies nécessitant des investigations supplémentaires. Leur prise en charge est à charge de l’assureur-maladie du participant aux modalités habituelles.
Chaque participant peut interrompre à tout moment sa participation au projet pilote de dépistage du cancer du poumon. Cette décision n'entraînera aucune conséquence sur son suivi médical. En cas de retrait, les données et les échantillons des participants continuent de figurer sous forme codée dans les documents du projet, en premier lieu pour assurer la sécurité médicale. Les données médicales recueillies jusque-là pourront encore être analysées sous forme codée.